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30/11/2022
104e Congrès de l'AMF 2022 Fonction publique

Les maires sont fiers de leur fonction publique territoriale, « porteuse d'avenir »

Le 104e Congrès a consacré toute une journée à la thématique des ressources humaines (RH). Enjeu : redonner envie de venir travailler dans les collectivités.

Par Bénédicte Rallu
Forum du 104e Congrès sur l'attractivité dans la fonction publique territoriale, 23 novembre 2022.
© Aurélien Faidy
Forum du 104e Congrès sur l'attractivité dans la fonction publique territoriale, 23 novembre 2022.
Le constat dressé par les maires et présidents d’intercommunalité est sans appel : les 240 métiers de la fonction publique territoriale (FPT) sont méconnus de la population, parfois même des élus eux-mêmes (lire ci-dessous). Plus d'1,3 million d'agents travaillent pourtant au sein de ce versant de la fonction publique.

Dans un communiqué de presse publié lors du 104e Congrès des maires, l'AMF faisait même remarquer que les collectivités locales représentent le "deuxième employeur de France", mais déplorait également que la "fonction publique territoriale peine à attirer les compétences nécessaires à garantir, maintenir et assurer la qualité, l’efficacité et la continuité des services publics de proximité". 

Partant de cela, l’AMF a décidé de «remettre en lumière cette fonction publique territoriale et de redonner du sens pour les agents publics », selon les mots de Murielle Fabre, secrétaire générale de l’Association, maire de Lampertheim (67) et co-présidente de la commission FPT RH, en introduction du forum du 23 novembre, consacré à l'attractivité dans le FPT. Elle a aussi insisté sur le fait que "sans agent et sans argent", il devient difficile, pour les maires, d'agir. 

Le fonctionnaire bashing a fait beaucoup de tort

« Après vingt ans de fonctionnaire bashing, l’enjeu est d’attirer les candidats », a embrayé François Deluga, maire du Teich (33), président du Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT), l’établissement public de formation des agents territoriaux. Philippe Laurent, maire de Sceaux (92) et président du Conseil supérieur de la fonction publique territoriale, partage totalement : "Le fonctionnaire bashing a fait beaucoup de tort à la fonction publique territoriale. On ne peut pas continuer comme ça. Malheureusement, on a vu, lors de la dernière campagne présidentielle, que cela avait recommencé. Et j'ai été choqué par le récent rapport de la Cour des comptes sur le télétravail. En expliquant que pour moderniser le service public, il faut augmenter le télétravail, la Cour assimile la fonction publique à un guichet. Comment une telle institution peut-elle écrire cela? Le service public local est un service public de proximité, au plus près des gens. Ce rapport ne peut donner qu'une image inexacte et fausse de la fonction publique, s'est insurgé Philippe Laurent. Il ne peut pas y avoir de service public local sans fonction publique territoriale".

Le statut est devenu "obèse"

Devenue fonction publique de plein droit avec les lois de décentralisation, il y a quarante ans, la territoriale reste, pour Anicet Le Pors, ministre de la Fonction publique de 1981 à 1984 intervenant au 104e Congrès, «porteuse d’avenir » ! Le père du statut de la fonction publique considère qu’elle constitue «l’espace unique pour la démocratie où se combinent concrètement trois légitimités, celles des citoyens, celles des fonctionnaires et, bien sûr, celles des élus. La fonction publique territoriale est une politique de réduction des inégalités et une politique d’aménagement du territoire », a-t-il rappelé. L’ancien ministre admet toutefois que le statut, souvent critiqué par les élus qui le considèrent rigide, «est devenu obèse. Plus de 1000 articles composent les lois sur la fonction publique. Le statut est en mauvais état. Si c’était à refaire, je le ferais maigrir » !

Changer de discours sur la fonction publique

Tous les intervenants du forum sur l’attractivité des métiers de la fonction publique territoriale de ce 104e Congrès en ont convenu : «le statut doit évoluer » pour s’adapter à l’évolution de la société. Et en premier lieu aux jeunes. «Faire carrière dans la fonction publique n’intéresse plus personne, assure Hélène Guillet, présidente du Syndicat des directeurs généraux des collectivités. Ce qui motive les candidats, ce sont les métiers. Il faut changer de vocabulaire. » C’est l’autre grand constat de cette journée : le discours et la communication sur la fonction publique territoriale doivent, eux aussi, changer !

Atouts de la FPT à mettre en avant

« Nous sommes tous des ambassadeurs de la fonction publique territoriale », a harangué Emmanuelle Rousset, adjointe au maire de Rennes (35), membre du Conseil supérieur de la fonction publique territoriale (CSFPT), en soulignant la diversité des métiers accessibles dans les collectivités : «il est possible d’y faire une carrière magnifique. Cela peut parfois compenser la question du salaire ». En effet, si les niveaux de rémunération peuvent faire fuir, la FPT a d’autres atouts (utilité sociale, conditions de travail) qu’il convient de mettre en avant pour, de nouveau, attirer les candidats sur le marché de l’emploi. 

Retrouvez ci-dessous la vidéo du forum du 23 novembre sur l'attractivité dans la fonction publique territoriale 

 

Secrétaires de mairie et gardes champêtres, deux métiers plébiscités
Un vent de panique souffle parmi les maires des petites communes en quête de secrétaire de mairie. «Il faut mieux les rémunérer et les intégrer en catégorie A dans la fonction publique. » C’est en résumé ce que plusieurs édiles ont fait remonter lors du forum du 104e Congrès dédié aux métiers de secrétaires de mairie et aux gardes champêtres. «Pas si simple », a rétorqué Murielle Fabre, secrétaire générale de l’AMF.
Dans ses 26 propositions pour revaloriser ce métier de «couteau suisse, binôme du maire », l’AMF s’est employée «à n’oublier aucun cas de figure, ni la libre administration des communes ». Or, beaucoup de secrétaires de mairie sont aujourd’hui embauché(e)s en catégorie C. «Il n’y a pas de solution unique », a insisté Murielle Fabre. «Les maires doivent accepter de laisser le temps à leurs propres secrétaires de mairie de se former et de former d’autres agents », a, pour sa part, appelé Sylvie Brisson, maire d’Yvrac (33), car ce métier polyvalent s’apprend avant tout sur le terrain !
Autre métier polyvalent, mais oublié : celui de garde champêtre, avec les multiples compétences de ces agents : environnement, tranquillité publique, lutte contre les déchets sauvages... "Certains centre de gestion pensent même que le métier a disparu", constate, navré, Christian Comin, président de la Fédération nationale des gardes champêtres.
Or ce métier peut être très appréciable pour les maires: "les élus ne sont plus première ligne quand des gardes champêtres peuvent intervenir sur le territoire de leurs communes pour toutes sortes de problèmes: incivilités, eau, chasse, pêche, feu, déchets, etc ", a fait remarquer Pierre Schmitt, membre du bureau exécutif de la Brigade verte d’Alsace (68) qui emploie 80 gardes champêtres. «Leurs compétences complémentaires à celles des policiers municipaux vont au-delà avec leurs pouvoirs d’enquête », a expliqué Mathieu Klein, maire de Nancy (54), qui recrute deux gardes champêtres au sein de sa police municipale.

Retrouvez ci-dessous la vidéo de cette matinée consacrée aux secrétaires de mairie et gardes champêtres 

 

       

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